.Alix. Oups pardon, Alice. Oui tu es né avec le prénom d’Alice. C’est celui-ci qu’on lit sur les documents officiels de la famille Landry. Alice, le prénom de la petite fille rêveuse qui se perd dans un monde bien différent du sien. Un prénom qui te colle à la peau, toi jolie bébé avec ses cheveux d’or et ce regard innocent. Un personnage qui te ressemble. Depuis toute petite, tu es maligne. Petite fille curieuse, un peu casse-cou qui se plie en quatre pour passer le plus de temps possible avec ses frères. Enfance heureuse ponctué par un drame dont tu n’as aucun souvenir si ce n’est une photo et des tonnes de questions. Si ce n’est les histoires que tu t’inventes autour de ce père que tu imaginais aimant.

Durant longtemps, tu as été une enfant solitaire, observatrice. Tu regardes le monde avant de l’approcher et ainsi, tu comprends comment il fonctionne, comment tu vas pouvoir l’apprivoiser. Et surtout comment te faire une place parmi lui. Maman est fatiguée, comment ne pas l’être avec trois enfants plein d’énergie et un sommeil léger ? Alors, tu ne veux pas faire de vagues, tu te contentes de travailler, d’obtenir de bonnes notes, de devenir une fille bien. Tu veux la rendre fière. C’est au lycée, que tu deviens un papillon. Amoureuse de la danse et de la musique, tu rejoins les cheerleaders, tu rejoins ce rang de popularité que tu n’as jamais vraiment connu. Tu connais tes premières histoires de cœur, tes premières blessures. Tu es en apparence une jeune femme très heureuse sauf que la réalité a des nuances. Tu t’ennuies. Tu sens qu’il te manque un truc sans être capable de dire quoi. Des ami(e)s ? Tu en as, trop pour que la sincérité soit de la partie et tu le sais. Tu les adores mais une fois le lycée terminé vos chemins vont se séparer. Tu profites tout de même de chaque instant et sans t’en rendre compte, tu commences à trouver les failles du monde du sport. L’argent. Être cheerleader t’ouvres les portes des soirées où on vous sous-estime, tu comprends rapidement la grandeur du monde des paris et surtout de la facilité de l’argent. Quitte ou double. Une dose d’adrénaline que tu tentes par hasard, pariant sur Conrad, évidemment.

Petit à petit, tu passes de la simple joueuse à celle qui tire les ficelles, tu comprends ton ordinateur et tu te formes durant tes heures de travail à la bibliothèque. Tu es douée et étrangement, complète avec ce nouveau monde. Un monde que tu gardes cependant secret.. Jusqu’à lui. Lui, c’est ce mec que tu rencontres grâce à ta nouvelle coloc. Elle te présente ses amis et il en fait partie. Tu mentirais en disant que tu n’avais pas craqué dès la première seconde pour ce regard de braise mais il était en couple et tu respectais cela. Acceptant le rôle de l’amie, le rôle de la nouvelle chez les Relax-Chill. Tu ne t’es jamais senti aussi bien. Tu avais des gens avec qui tu te sentais liés, des gens avec qui tu pouvais être toi-même sans craindre de jugements. Jusqu’au dérapage, c’était il y a quelques temps maintenant et surtout beaucoup de verres. Tu ne sais plus qui a fait le premier pas, qui a déposé ses lèvres sur celle de l’autre en premier mais à ce moment précis, tu as su qu’il était l’homme de ta vie. La connexion entre vous était parfaite, un mélange de vice et d’amour. Un amour que vous avez gardé secret autant que possible mais le RC n’est pas stupide et petit à petit, ils ont compris. Et je crois qu’ils s’en moquaient. Tu étais heureuse, Alix. Mais le bonheur est éphémère. En un appel, ce bonheur s’est fissuré et quelques examens plus tard, tu as compris que tu devais agir. Tu es resté dans ton lit presque une semaine, prétextant une maladie attrapé après un bain de minuit. C’était vrai, plus ou moins. Il te fallait un plan, un plan pour l’éloigner. Pour le protéger. Ce gros coup, tu l’avais presque oublié. Mais il était parfait, c’était une grosse somme d’argent, il allait forcément t’en vouloir, te détester. Un clique. En un clic, tu avais tout avait brisé. Armant ton cœur pour ne pas fondre en larmes face à son regard, pensant à ton amour pour lui plus important que le reste. Son futur bonheur, plus important que toi. La dispute se termine comme tu l’avais prédit et quelques heures plus tard, tu prenais ta valise et tu plaquais tout. Tu t’es baladé un peu partout entre les Etats-Unis et le Canada jusqu’en décembre. Tu perds ton souffle et un médecin de Québec te dit que tu dois te faire soigner en urgence alors tu décides de rentrer dans ta famille, puis de rester à Toronto. Tu as de l’argent de poche pour tes frais, tu peux en gagner facilement et tu n’as qu’à associer ta fatigue aux mensonges. Une nouvelle vie parfaite, non ? Sauf qu’au fond de toi, tu sais, ce n’est qu’une question de temps.. C’est toujours une question de temps.